La semaine dernière, je vous ai raconté comment l'idée du crowdfunding était venue, et je vous ai laissés sur une vente aux enchères de jeunes femmes vierges, droguées et hébétées. Si vous avez loupé ce premier chapitre, je vous invite à le lire (ici) avant de poursuivre avec la Lettre de ce jour.
Chapitre II - La préparation
C'était tellement à l'arrache !
Heureusement j'en ai parlé à tout le monde, et par un hasard extraordinaire ma copine Amandine m'a dit "ah mais faut que je te mette en relation avec ma pote Sandra qui est experte en financement participatif !" [toujours parler de ses projets !]. Sandra bosse à l'association Financement Participatif France, et elle m'a notamment expliqué qu'une campagne pouvait être composée tant de pré-ventes que de dons, et qu'en fonction le régime juridique et donc comptable et fiscal n'est pas le même [en bonne buse je n'y avais pas pensé]. Figurez-vous que pour répondre à la qualification de don, il faut que la valeur de la contrepartie soit de maximum 25% du don [donc si la contrepartie vaut 25 euros, il faut que le montant du don soit au moins de 100 euros].
Vous ai-je déjà perdus en abordant ces histoires de régime comptable et de % de la valeur du montant de la contrepartie du don [ça ne veut rien dire et c'est fait exprès] [celles et ceux qui n'ont pas remarqué que ça ne voulait rien dire, vous êtes de ma team, coeur sur vous] ?
Ça a été un élément central dans la préparation, notamment pour construire le business plan du crowdfunding. Oui, vous avez bien lu il faut faire un business plan de crowdfunding. Comme tout business plan c'est un cauchemar, et Aude* a été essentielle parce que moi dès qu'il faut compter je pars loin, très loin dans le pays du déni.
Heureusement j'avais mille idées pour les contreparties : je voulais mettre les créations des invités du podcast (les bières de Fabien, les vêtements de Jessica, le bouquin de Charles et celui d'Eric, le Guide Chilowé de Thibaut, les peluches de Natacha, les sculptures de Pauline, une illustration de Tiphaine - alias Maitre et Talons), le travail d'autres artistes avocates, en l'occurence Le dîner de la cigogne et Tal Ashleigh, pour varier les styles et les mettre en avant. Je voulais aussi jouer autour du nom Fleur d'avocat, donc des fleurs évidemment, et aussi les infusions Chic des plantes, et notamment celle qui s'appelle Ô Joie, en référence à l'avant dernière question du podcast. Et une fête bien sûr ! Et quelques interviews sur le podcast, exceptionnellement, pour marquer le coup, et pour permettre à des personnes qui ont envie de partager leur parcours auprès de ma communauté de le faire en qualité de mécène.
Je voulais aussi trouver un système qui permette de mettre de plus en plus de contreparties dans le panier. Genre à chaque palier ça ajoute quelque chose.
Et en plus de tout ça j'étais attachée à ce qu'il y ait une certaine logique dans l'évolution des contreparties en mode 10 - 25 - 50 - 75 - 100 - 150 - 200 - 300 etc, et c'est devenu une contrainte (?!?!?)...
Tout ça avec cette fameuse histoire de multiplication par 4 ! Du coup c'était un casse tête,et comme vous pouvez l'imaginer : la réalité comptable m'a rattrapée.
Il a fallu renoncer au côté progressif du truc (merci Aude d'avoir insisté), et renoncer aussi à certaines contreparties parce qu'il y avait trop d'options.
Je vous passe le détail de pourquoi et comment telle ou telle contrepartie à tel montant parce que même moi j'ai du mal à vous l'expliquer. On a fait une tambouille pour répondre aux critères légaux et à mes contraintes arbitraires et assez psychorigides. On va en reparler.
Côté forme j'étais aussi allée voir ce qu'ont fait d'autres personnes pour leur succesful crowdfunding, et plus particulièrement le travail de Céline et Margaux pour la campagne Ulule Entre nos lèvres, un podcast qui parle de sexualité. C'était une référence qui plaçait la barre très haut. Céline est directrice artistique, et Margaux fait du marketing digital. Donc côté graphisme et communication (et une campagne de crowdfunding, c'est beaucoup de communication), elles sont au top depuis les débuts de leur projet. La présentation de leur campagne Ulule est canon comme tout le reste, et pour avoir suivi leur campagne sur les réseaux sociaux et en particulier Instagram, c'était tout aussi impressionnant.
Cela étant, tout ça je le faisais dans mon coin, avec Aude, mais dans mon coin quand même, dans ma tête.
Ce n'est que 10 jours avant le début de la campagne (que j'avais déjà repoussé d'une semaine) que je suis passée au concret en m'inscrivant sur Ulule (vous ai-je déjà parlé de ma propension au déni ?).
Dans toute ma naïveté, je ne pensais pas que les plateformes choisissaient les projets (que tous les projets ne sont pas pris). D'ailleurs au début mon truc était refusé, donc j'ai essuyé une grosse sueur froide**. Je sous-estimais complètement l'aide apportée par les plateformes, du coup j'ai eu leurs feedback le dimanche pour un lancement le lundi. Sauf à refaire le business plan et à vraiment beaucoup emmerder Alice (vous allez comprendre qui est Alice), c'était trop tard pour modifier.
Alice donc, c'est mon amie, qui fait de la direction artistique*** et qui m'a sauvé la mise sur la présentation dans la dernière semaine, moi qui sous-estimais complètement le travail que ça représenterait. Elle a tout mis en image de façon canon, sur la base des textes que j'ai rédigés et des images que j'ai volées sur Instagram sélectionnées pour vous faire sourire.
Vous faire sourire, c'était le mot d'ordre de cette campagne. L'humour est ma carte préférée quand je suis mal à l'aise, (ce qui était le cas), donc j'ai fait en sorte que ce soit drôle, ou au moins amusant, dès la présentation.
Revenons-en à nos moutons, j'ai encore deux choses à vous dire pour être presque exhaustive :
La durée (3 semaines) : je voulais que ça se termine le 6 juillet parce qu'après vous alliez être en vacances et aussi pour passer 3 jours avec mon amie Magali qui était sur le point de partir vivre à La Réunion. La vie perso, c'est important aussi. Et comme j'avais du retard, ça a commencé le 15 juin, donc 3 semaines. C'est court, mais c'est pas plus mal, sinon l'effort se relâche.
Et le montant ? Un savant mélange entre le budget pour la production des formations dans une v1 qui va à l'essentiel et ma barrière mentale (20 000 c'était ma barrière mentale, mais c'était trop juste pour couvrir les frais de la V1. 25 000 c'était un palier trop symbolique que je n'arrivais pas à passer. 22 500 c'était beau mais les 500 qui trainent c'est un peu ridicule, donc 23 000. Les histoires d'argent, c'est toujours plus psy que rationnel). Voilà, c'est comme ça que le dimanche 14 juin le projet a été validé par Ulule, et j'ai donc commencé l'aventure.
La campagne a fonctionné donc c'est super cool, mais assez rapidement après avoir lancé la campagne, je me suis rendu compte que je n'avais pas du tout pris le problème par le bon bout. Comment je ferais si c'était à refaire ? Je vous explique la semaine prochaine, ou la suivante, après vous avoir raconté le déroulement de la campagne !
Bonne soirée caniculaire !
Lilas Louise
* dont c'est le dernier jour de stage aujourd'hui !
**ensuite j'ai modifié les paramètres de mon projet et c'est passé
*** avec son studio de création Wonderland