Créer une newsletter : retour d'expérience et conseils pratiques.

LA SOLITUDE.

C'est ce que l'on ressent lorsque l'on commence quelque chose publiquement.

Et c'est évidemment ce que j'ai ressenti le 14 février 2020 lorsque j'ai envoyé une vraie première lettre aux 150 abonnés à ma newsletter.

Je ne sais plus trop quel a été l'élément déclencheur pour me mettre à travailler sérieusement sur cette newsletter. Ai-je été inspirée par un autre podcasteur ? Ai-je lu un article ou un post sur l'importance de la newsletter pour communiquer et surtout vendre ?

Franchement, aucune idée, mais je ne crois pas avoir poussé la stratégie très très loin.

Je dis "vraie première lettre" car jusqu'à ce fatidique 14 juillet 2020, je n'avais envoyé que des emails d'information pour annoncer l'ouverture d'une session de formation ou la date du prochain apéro.

De magnifiques bouteilles à la mer envoyées à des personnes dont l'inscription même relevait du miracle car je n'avais rien fait pour inviter qui que ce soit à s'abonner. Il y avait juste un espace tout pété en bas de mon site internet avec une vague promesse de ne louper aucune actualité de Fleur d'avocat...

Quand je pense que je pensais vraiment convertir en informant de l'ouverture d'une formation à 60 personnes avec qui je n'avais jamais échangé...

Mais je vous ai déjà dit à quel point j'étais naïve du business donc je ne vais pas revenir dessus.

Il faut quand même convenir du fait qu'à défaut de m'avoir sauvé du ridicule [merci à vous qui me lisez encore pour votre bienveillance infinie à mon égard], ma naïveté m'a sauvée de l'inertie.

Je crois bien que j'ai gagné au change parce qu'à l'heure où j'écris ces lignes, vous êtes très exactement beaucoup plus nombreux.

Clairement, je ne me sens plus seule du tout.

Au-delà de ça, j'ai beaucoup appris en faisant ce travail et c'est donc sur le chemin entre 150 et 1089 abonnés que j'ai envie de revenir ce soir, en abordant l'évolution du contenu de la newsletter (I.), l'évolution du nombre d'abonnés (II.) et quelques hacks (III.) [la partie fourre tout].

I. L'évolution du contenu

Le projet était de partager mes aventures d'entrepreneuse. Au tout début, j'ai partagé sur la base d'anecdotes assez universelles. Lilas Louise apprend à poser des questions.Lilas Louise dépasse le sentiment d'imposture. Lilas Louise perd son titre d'avocate [ma mère s'appelle Martine, ET ALORS ?!].

La première Lettre était écrite dans la couleur automatique de Mailchimp qui est, disons-le, illisible.

Le joli L fleuri trouvé sur Pinterest qui fait comme si je vous écrivais sur papier à en-tête [laissez moi vivre au 18e siècle] a fait son apparition à la quatrième Lettre [et oui, il est libre de droit].

La quatrième lettre, c'est juste avant le premier confinement. Gros chamboulement pour tout le monde et je n'ai pas échappé au tsunami collectif. Les anecdotes universelles tirées de mes aventures ont laissé place à une sorte de journal intime hebdomadaire du confinement. On lit mon anxiété et ce qui m'a fait du bien pendant cette période, comment j'ai mûri le changement de format des formations pour passer avec du e-learning, la préparation du crowdfunding...

Vous qui êtes arrivés après l'été 2020, sachez que vous avez échappé à la monté progressive de mon angoisse qui était à son apogée mi-mai au moment de me jeter à l'eau et de demander à la terre entière de donner l’argent contribuer. Quand j'ai finalement accouché et lancé la campagne, je me souviens même avoir reçu un mail de l'un d'entre vous me disant un truc du genre "ouf, il fallait crever l'abcès car tout ce stress devenait difficile à lire". Oups 

J'ai continué avec cette approche qui part de mes montagnes russes émotionnelles mon expérience personnelle, pour en formaliser un apprentissage qui puisse vous être utile dans votre développement professionnel.

C'est encore ce que je fais aujourd'hui [si je partage avec vous toute cette rétrospective ce n'est que pour que vous puissiez avoir confiance en le fait que n'importe lequel de vos projets peut grandir progressivement si vous êtes régulier et persistant, et aussi en le fait que votre projet va évoluer en cours de route et que c'est OK], mais dans une moindre mesure.

J'ai effectivement fait évoluer la newsletter vers moins de journal intime et plus d'expertise.

Dans une Lettre du 26 septembre 2020 sur la différence entre l'humilité et la modestie, j'écris ces lignes :

"Convaincre n'est pas la même chose qu'attendrir. Les mécanismes psychologiques mobilisés ne sont pas les mêmes. Les gens n'achètent pas votre travail parce qu'ils vous trouvent attachants, mignons, sympathiques. Ils achètent votre travail parce qu'ils ont confiance en le fait que vous allez répondre à leur besoin, et plus particulièrement, résoudre leur problème. Avec un style qui leur plaît, à votre façon. Mais ce qu'ils doivent retenir de vous reste que vous avez les reins solides, que vous savez ce que vous faites, ou que si vous ne le savez pas encore tout à fait, vous avez ce qu'il faut pour faire en sorte de le savoir. Les gens doivent retenir de vous votre puissance, dans le sens de capacité.

Alors oui, soyons humbles, mais ne soyons pas modestes. Ne modérons pas ce que nous avons à offrir. Soyons capables de parler de nos compétences sans nous excuser. Sans les camoufler, sans les atténuer par une bonne dose d'humour. 
[...]

Donc moi je m'engage envers moi-même à faire attention à ça [et ça va sûrement un peu modifier le style de ces Lettres. Plutôt que 75% d'autodérision / 25% de sérieux, je vais tenter de faire du 50/50, peut-être même un jour du 25/75. Je n'irai pas jusqu'au 100% sérieux, faudrait pas qu'on s'ennuie]. Vous êtes mes témoins."

Une des choses qui m'a aidée à opérer ce changement de posture a été de décaler le moment où je vis quelque chose qui me confronte avec la leçon que j'en tire du moment où je le partage avec vous.

Pourquoi ? Et bien parce que quand je suis dans l'épreuve, je suis hyper vulnérable, et cette fragilité se lit dans ma manière d'écrire. Je suis à l'aise avec ma vulnérabilité, mais pas si elle m'empêche d'atteindre mes objectifs professionnels et de développer Fleur d'avocat comme je le souhaite.

Je préfère partager quand je peux en parler avec plus de distance et que j'ai consolidé l'apprentissage. Par exemple, en avril je me suis pris une grosse claque qui a drastiquement changé ma manière de faire du business, mais je ne vous en parlerai probablement que cet automne. Je suis en train d'implémenter les changements et je vous en parlerai une fois que le résultat se sera concrétisé.

Et effectivement, aujourd'hui je partage beaucoup plus d'expertise et les Lettres plus intimes sur moi, mes retours d'expérience, sont plus du rares. Sur les 21 lettres que je vous ai adressées depuis le 17 janvier 2021, seules 4 parlent de moi intimement [et une de ces 4 lettres personnelles n'a pas respecté le principe du décalage temporel susmentionné].

Rien à voir, mais j'ai aussi initié la rubrique recrutement fin avril, et vu le taux de clics que recouvre cette rubrique, ça a l'air de vous plaire !

III. L'évolution du nombre d'abonnés

A. Les vagues de départs

J'ai perdu des abonnés pendant et juste après le crowdfunding [les turbulences que vous voyez dans le premier tiers du graphique]. Clairement, la Lettre du 24 juillet soit le premier volet du retour d'expérience sur le crowdfunding a grave saoulé et heureusement que je n'ai pas eu l'énergie de faire le 2e volet sinon j'aurais perdu tout le monde.

Ensuite c'est remonté jusqu'à la lettre du 6 novembre. Une lettre où je sortais de ma posture de gentil Bouddha pour inviter tout le monde à se bouger le cul et à faire preuve d'un peu d'audace a donné lieu à des réactions extrêmes puisque j'ai reçu en réponse un nombre incalculable de messages de remerciements pour le coup de boost... et une bonne dose de désabonnements.

Dans la même veine, il y a une troisième baisse suite à la lettre du 17 janvier dans laquelle je partageais une unpopular opinion sur le fait que s'il y a indéniablement un problème de management dans les cabinets d'avocats, tout conflit est une danse à deux et donc les collabs doivent aussi apprendre à adopter une posture et une attitude constructive pour que la profession d'avocat évolue dans son ensemble vers une meilleure qualité de vie au travail et des relations de travail plus harmonieuses.

Sans regret. L'invitation à l'audace et à la remise en question et une vision non manichéenne du monde sont au cœur de mon travail. Effectivement, si ces messages vous heurtent, c'est que nous ne sommes pas voués à travailler ensemble [en tout cas pas aujourd'hui].

Le fait de n'avoir écrit qu'une semaine sur deux entre septembre et janvier ne semble pas avoir eu un impact majeur sur l'augmentation des abonnements.

La quatrième baisse est liée à un ménage de printemps dans les abonnés que j'ai fait en désabonnant toutes les personnes qui avaient moins de 10% de taux d'ouverture, ce afin de ne pas spammer ceux qui ne me lisent pas et de gagner en engagement auprès de ceux qui me lisent [une marketeuse expérimentée qui s'est abonnée hier suite à mon post LinkedIn et qui se reconnaîtra m'a dit que c'était bien de faire ça mais que j'y avais été un peu fort].

B. Vous attirer dans la newsletter

Je n'ai fait aucune opération choc de type webinar ou Livre blanc contre inscription à la newsletter. Les leadmagnet comme on dit dans le jargon [aka aimant à prospects], jusqu'à maintenant, très peu pour moi [mais... ne jamais dire jamais].

Je pense que c'est une des raisons pour lesquelles la courbe ressemble plus à une longue ligne ascendante qu'à un électrocardiogramme fou. C'est assez logique : comme je ne vous ai attirés qu'en vous parlant de ce que vous trouveriez [des réflexions sur le développement professionnel inspirés du podcast et de ma propre vie d'entrepreneuse], il n'y a pas eu ce côté "je m'inscris pour choper le PDF indispensable qui va changer ma vie et je me casse" [j'ai un peu honte de dire qu'il m'arrive régulièrement de m'abonner à une newsletter juste pour choper l'extraordinaire ressource promise et de me désabonner aussi sec].

Pas de leadmagnet donc, mais je mentirais si je prétendais n'avoir rien fait pour que vous vous abonniez.

 Pendant longtemps, je vous prévenais en Story sur Instagram avant l'envoi de la newsletter et je vous proposais de m'indiquer votre adresse email dans un encart "questions" en story toujours, et je rentrais vos adresses a la mano pour vous [the things we do for love...].

 Il y a aussi eu, de temps à autre, un post sur LinkedIn pour dire "coucou j'ai une newsletter, elle est trop bien et vous devriez vous inscrire", que ce soit en faisant un teasing sur ce que j'allais raconter ou en mettant une capture écran d'un des mails reçus en mode "ta newsletter est fantastique je l'adore et je ne loupe pas une seule édition".

D'ailleurs je crois que le pic que vous observez un peu après la moitié du graphique fait suite à des posts comme ça, sur deux semaines consécutives.

C'est d'ailleurs intéressant de voir ça sous forme de graphique car ça me donne une autre lecture de l'efficacité de ce genre de post sur LinkedIn [je devrais faire faire des graphiques plus souvent]. En effet, je me souviens que mon post de la 2e semaine avait eu peu de likes et de vues et je m'étais dit que ça avait été une erreur de faire ça deux semaines de suite... alors qu'en fait le 2e post semble avoir provoqué des inscriptions [de la différence entre engagement et "vanity metrics", mais je garde ça pour une prochaine Lettre].

 Enfin, j'ai pris l'habitude de parler de l'existence de la newsletter aux personnes qui me demandent en connexion sur LinkedIn et qui me disent qu'elles apprécient mon podcast ou mes posts.

Au début je me sentais hyper lourde quand je faisais ça, et puis en fait souvent vous vous abonnez et vous avez l'air plutôt contents de savoir que ça existe, donc en fait c'est cool !

III. Les hacks

J'ai commencé cette newsletter la fleur au fusil, et aujourd'hui je considère que c'est un réel actif en ma possession.

Je la soigne en faisant de mon mieux pour vous apporter du contenu de qualité chaque semaine qui sera utile à votre développement professionnel et je cherche également à optimiser.

J'ai notamment appris :

- qu'il ne devait y avoir qu'une seule invitation à passer à l'action par action de communication [newsletter, post, article de blog, etc] parce que l'attention est rare et se disperse vite et que nous humains aimons être pris par la main et avoir des indications claires.

Ça je l'ai appris en janvier, et ça a un peu changé la manière de rédiger le corps de la Lettre [je distingue la rubrique recrutement].

- qu'il faut soigner son mail de bienvenue pour que la personne puisse tout de suite voir à quoi s'attendre et comprendre ce que ça va lui apporter, et j'ai donc entièrement réécrit le mien.


Conclusion

Aujourd'hui, la newsletter, c'est

- entre 15 et 25 nouveaux abonnés chaque semaine
- en moyenne 51% de taux d'ouverture [je crois comprendre qu'on considère qu'un bon taux d'ouverture est à partir de 30 - 40%]
- entre 3 et 6% de clics [je crois comprendre que c'est bien aussi]
- entre 0 et 3 désabonnements par Lettre [ce qu'une experte me dit être ridiculement bas]
- toutes les semaines des personnes qui me répondent pour partager en réponse à ma Lettre

Donc c'est plutôt une belle histoire !

Je pourrais vous dire que comme tout, ça se joue sur le long terme et qu'il faut commencer quelque part. Que quelque part, ça peut être presque personne. Qu'au début ça ne ressemble pas à grand chose et qu'on se sent seul, et que progressivement on trouve son style, on ajuste la trajectoire en fonction de ses résultats et de ses objectifs, on optimise. Et que si on apporte de la valeur et qu'on est régulier, ça marche. Et surtout que c'est à votre portée.


"Merci pour cette newsletter toujours aussi passionnante, stimulante et qui donne envie d’avancer avec toi”
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