Le moral de nombreuses personnes est dans les chaussettes et la tentation est grande de se replier sur soi, de laisser le sentiment d'impuissance prendre le dessus et le pessimisme nous envahir.

Je pourrais vous inviter à prendre soin de vous et à compenser la brutalité du monde avec de la douceur envers vous-même. Mais non. Aujourd'hui je veux vous encourager à être audacieuse ou audacieux, et donc à prendre des risques, et donc encore à vous exposer. L'anti-douceur quoi.

Il se trouve que je suis frappée par les histoires d'opportunités, servies sur un plateau, littéralement manquées par les personnes concernées.

L'histoire d'une collaboratrice qui veut changer pour un cabinet qui lui offrirait des perspectives, plus de défis, plus de peps, et de bonnes conditions de travail. Je la mets en relation avec une avocate qui cherche, la rencontre se passe super bien, une offre est faite, et puis en fait elle décline parce que finalement la stabilité prime.

L'histoire de cette avocate collaboratrice que j'informe d'un recrutement. Une entreprise qui cherche un ou une avocate, exactement son profil, en détachement pour un remplacement congé maternité. Genre même pas besoin de quitter son cab, à qui elle pourrait apporter le détachement et prendre une commission dessus d'ailleurs.  Bref je lui dis que je peux la mettre en relation avec la personne qui cherche si elle a des questions. Elle me dit qu'elle va y réfléchir.

L'histoire d'une amie, collaboratrice, qui est dégoutée de sa collaboration, dégoutée de la profession d'avocat, qui envisage de tout plaquer parce que de toutes façons ça n'existe pas les patrons bienveillants. Je lui dis de contacter unetelle de sa spécialité de ma part, de discuter avec elle, qu'elle aura peut-être des conseils, des personnes bien à lui recommander, que ça pourrait être un bon premier contact pour si elle recrute plus tard. Bref, un échange de curiosité et de réseautage. Elle ne le fait pas parce que c'est l'été, envie de ne pas y penser. Quelques mois plus tard elle craque, elle veut fuir de son cab pour de bon. Il se trouve que cette avocate que je lui avais dit de contacter de ma part recrute en ce moment. Elle lui envoie son CV. Sauf que la posture n'est pas la même : on est passé d'une rencontre de curiosité à une demande de recrutement. Pas du tout le même contexte. Résultat ça ne fait pas le poids par rapport aux autres candidates et candidats qui, eux, suivent l'activité de cette avocate depuis longtemps et surtout avant d'en avoir besoin. La candidature est écartée.

D'ailleurs cette avocate, qui est aussi une invitée du podcast m'a dit qu'elle hallucinait quand elle se rend compte qu'un candidat ou qu'une candidate n'a pas écouté son interview. C'est de l'information gratuite et bien référencée sur elle et son cabinet. Derrière cette absence d'écoute, elle voit un cruel manque de curiosité envers elle et son projet, alors qu'il s'agit de travailler avec elle et de contribuer à son projet de cabinet. Et aussi que le principe de base dans la négociation est de tout savoir de son interlocuteur, qu'un recrutement est une négociation, et qu'elle recrute des avocats qui seront amenés à négocier.

À ce propos, j'hallucine toujours quand vous n'écoutez pas les invités du podcast de votre secteur d'activité ou de votre spécialité quand vous êtes étudiant ou collaborateurs. C'est une mine d'or d'informations et une base tellement facile de réseautage. Il y même des annonces, des demandes dans le podcast ! Elise Fabing y dit qu'elle recrute. Anne-Sophie Arbellot de Rouffignac et Rosiane Houngbo Monteverde disent qu'elles cherchent quelqu'un avec qui s'associer.

Vous êtes déjà full opportunités, vous avez plus de propositions que vous ne pouvez en accepter ? Trop de business ? Bien sur ! Dites "non", priorisez, réduisez la voilure ! Fermez les écoutilles et concentrez-vous sur les projets en cours ! [Même si toutes ces opportunités, ces propositions, ce business, sont sûrement le fruit d'une curiosité et d'une audace savamment entretenue et exploitée].

Dans le cas contraire [ce qui est le cas de toutes celles et ceux d'entre-vous qui n'êtes pas satisfaits de vos conditions de travail, ni de votre rémunération, qui avez l'impression de ne pas avoir le choix, et que ce choix va se raréfier avec la crise], franchement : soyez curieux ! soyez ouverts ! de l'audace !

On ne peut pas tout avoir : une opportunité de collaboration plus entrepreneuriale... et la sécurité. Une perspective de changement de poste avec des confrères sympas... et l'absence de curiosité pour ces confrères sympas. Des opportunités professionnelles, et pas de curiosité pour les opportunités business qui se présentent. Contacter quelqu'un pour prendre un café ou déjeuner [encore plus quand la liaison est faite par un ami en commun] ne coûte rien. Échanger par téléphone pour comprendre les contours précis d'une opportunité ne coûte rien non plus. Envoyer un message pour remercier. Trouver une manière de contribuer, de se lier avec des projets et des personnes. Tout ça ne coûte pas grande chose. Certaines audaces présentent plus de risques, c'est vrai, et plus de perspectives de retour sur investissement aussi. Mais il y a déjà tellement de petites choses qui peuvent faire la différence.

Après plusieurs années de podcast, je constate à quel point tous ces invités sont curieux et audacieux. Bien sur ils ont une bonne connaissance d'eux-mêmes. Bien sur ils ont confiance en eux. Oui ce sont de bons stratèges et ils ont de bonnes compétences relationnelles. Mais avant tout, ils sont curieux, et ils osent. Et rien que pour s'inspirer de toutes leurs audaces c'est utile de les écouter. Franchement, faites un exercice d'écoute active pour filtrer les interviews au gré des audaces. D'ailleurs je vous parle des interviews de Fleur d'avocat et ça marche aussi avec d'autres interviews d'entrepreneurs ou d'artistes. Ou des biographies ou des documentaires d'ailleurs si vous préférez lire ou regarder qu'écouter. Souvent je suis impressionnée par au moins un de ces éléments : la créativité, la force de travail et/ou l'audace, le rapport au risque.

Et plus c'est la crise, plus il faut redoubler d'audace. Investir sur soi, sur son développement. Se former. Nouer de nouvelles relations. Ouvrir les écoutilles. Faire un, deux, trois pas de côté. Sortir de votre cadre habituel.

Vous ne savez pas comment faire ni par où commencer ? Formez-vous. Faites-vous accompagner, coacher, soigner*. À un moment, si vous voulez arrêter de subir la dépendance économique, le déséquilibre des relations, les horizons trop courts, il va falloir que vous vous mettiez en mouvement et que vous alliez chercher ces nouveaux horizons.

En ce deuxième confinement, trouvez un moyen de sortir de votre coquille. Labourez la terre. Semez des graines. Chiche ?

PS : si vous vous reconnaissez dans mon propos, j'espère que vous pardonnerez mon impatience 

*si vous êtes éteint, apathique, paralysé, il se peut que vous souffriez d'une dépression. Cœur sur vous. Sachez que des professionnels peuvent vous aider à vous remettre en mouvement.