L'élément central de la leçon du jour se trouve être une salade Caesar, avec son poulet pané.
Lors d'un weekend chaud et ensoleillé, mon ami Kaël nous a conviés à déjeuner sur sa sublime et immense terrasse à rendre jaloux les rooftops les plus stylés de Paris [nous étant un groupe d'amis].
Son amoureuse, Virginie, était des nôtres.
Il se trouve que Kaël avait préparé une salade Caesar absolument succulente : de la sucrine fraiche et croustillante ; des tomates cerises savoureuses et juteuses ; des copeaux de parmesan fondants ; de l'avocat parfaitement mur ; des oeufs légèrement mollets ; une sauce relevée et, clou du spectacle ! du poulet pané à se damner.
Nous nous sommes tous extasiés devant cette salade Caesar qui a laissé une trace indélébile de plaisir [que dis-je ? de jouissance !] dans nos esprits.
C'est ainsi qu'un mois plus tard, tous [et plus encore] réunis dans mon Poitou-Charente natal pour fêter mon anniversaire, et alors que nous réfléchissions au menu pour les différents repas avant d'aller faire les courses pour le régiment, je dis à Virginie que ce serait génial que Kaël nous régale de sa salade Caesar.
Que n'avais-je pas dit !
Virginie, offusquée, s'exclame : "SA salade Caesar ?!"
Je me retrouve donc à bafouiller que j'avais compris, lors du déjeuner sur la terrasse, que c'était le plat de Kaël...
Et Virginie de rétablir la VÉRITÉ. C'était elle qui avait fait 90% de la salade. Kaël n'avait préparé que le poulet pané !
Pendant ce temps là, Kaël s'amuse franchement de cette filiation fallacieuse Comment avons-nous pu retenir que l'auteur de cette salade était Kaël ? Après enquête, il ressort que :
nous n'avons pas été témoins de la préparation de cette salade Caesar, qui s'est faite avant notre arrivée
Donc dans mon esprit, Kaël avait fait la salade Caesar et Virginie la tarte soleil.
On est ici en plein conflit entre le savoir-faire et le faire savoir.
Virginie, qui a diligemment, sérieusement et soigneusement travaillé en cuisine se retrouve dépourvue de l'attribution des lauriers. Elle qui a le savoir-faire n'a pas bénéficié de la notoriété et de la reconnaissance liée à sa prestation.
Ce qui est intéressant, c'est qu'en l'occurrence il n'y a pas eu d'usurpation active de son travail par Kaël. Je ne pense pas que Kaël ait parlé de "sa" salade Caesar, ou se soit gargarisé de l'intégralité de la préparation. Finalement, ce sont plus les apparences qui ont conduit à ce qu'on attribue à lui cette salade Caesar (la présentation, le service, le contexte et la cuisine d'autres mets).
MAIS [et je reprends ici les mots de Clara Moley] "votre travail est votre travail"*, et c'est à vous de le faire savoir.
Revendiquer votre travail fait partie de votre travail !
Travaillez-vous de façon invisible ? Prenez-vous le risque que votre travail ne soit pas reconnu et valorisé comme il se doit par votre client, votre cabinet ou vos collègues ?
Il s'agit de commencer dès maintenant à revendiquer votre travail, et pour ce faire vous n'avez pas besoin de passer par de grands effets d'annonce. Pensez aux apparences qui se construisent sur la base de plein de petites chose et :
Si vous vous rendez-compte que votre travail est attribué à quelqu'un d'autre, réagissez sans délai,exactement comme Virginie l'a fait avec d'excellents résultats puisqu'il ne fait maintenant aucun doute pour nous tous que c'est bien elle la queen de la salade Caesar.
Et pour vous inspirer en matière de faire-savoir, écoutez l'impactante Sonia Cissé.