Surmonter le syndrome de l'imposteur

Le sentiment d’imposture, d’illégitimité, d’usurpation, ça vous parle ?
 
Je suis devenue avocate via la procédure d’équivalence de l’article 99, c’est-à-dire que j’ai fait reconnaître mon titre d’avocate en Espagne en France, alors même que je n’ai jamais exercé en Espagne*.
 
Quand j’ai cherché ma première collab, j’ai été reçue en entretien par un associé qui, pendant une longue demi-heure, a démonté mon CV ligne après ligne, concluant que je n’étais pas opérationnelle comme avocate en France notamment car je n’avais pas fait toutes mes études en France, que je n’avais pas fait l’école d’avocat, et que mon master 2 en droit de la santé était bullshit parce que le droit de la santé c’est du droit public ou du droit privé appliqué au secteur de la santé et que j’aurais donc dû faire un master 2 en droit privé fondamental ou en droit public. Je vous laisse imaginer mon état en sortant de ce rendez-vous. 
 
À titre personnel, j’étais pourtant à l’aise avec le fait d’être passée par la procédure d’équivalence, notamment au vu des échos que j’avais sur l’EFB (j’ai l’impression que les choses sont en train de changer). Je n’avais pas l’impression de louper grand-chose en termes d’apprentissage théorique, en revanche j’ai fait autant de stages longs qu’un élève-avocat « normal » pour avoir la même expérience pratique. Malgré cela, par la suite, je me suis souvent retrouvée à me justifier, et à dire que j’étais une fraude car j’avais échappé au CRFPA. Sur le ton de l’humour, mais quand même.
 
Aujourd’hui je fais des interviewsde la formation, et je suis assimilée à du coaching (même si je ne fais pas de coaching individuel). On me demande où est-ce que j’ai appris, et j’explique que je me forme sur le tas, avec des livres et des podcasts. Que je m’inspire de choses que j’ai apprises dans mon master en ressources humaines à Sciences Po, de ce que j’observe qui fonctionne. C’est vrai. 
 
Et les résultats sont là. Force est de constater que je reçois beaucoup de compliments sur mes interviews, tant de la part des auditeurs qui sont au rendez-vous et toujours plus nombreux, que des invités du podcast. Mes clients en formation aussi me font part de leur satisfaction, me disent avoir appris, sont revenus quand j’ai créé une nouvelle formation, voir attendent les prochaines avec impatience. 
 
J’ai diffusé l’interview de Maître Marie-Laure Pichard. Marie-Laure n’a pas passé le CRFPA. Elle a exercé comme juriste au sein d’un cabinet de droit des affaires à Paris, et est devenue avocate par la passerelle au bout de 8 ans d’expérience. Dans l’interview, Marie-Laure se confie sur son sentiment d’être une usurpatrice, et ce que je trouve très intéressant c’est que ce sentiment n’existe que vis-à-vis de ses confrères, et pas du tout vis-à-vis de ses clients. Comme moi, Marie-Laure constate que les opérations sont menées à bien, que ses clients sont satisfaits de ses services, qu’ils lui sont fidèles, que le bouche à oreille fonctionne, qu’elle n’a jamais eu de difficulté à trouver du travail. 
 
Cette interview a donc doublement résonné en moi, sur mon sentiment d’avoir un peu fraudé mes titres (encore une histoire de titre !), sur mes doutes réguliers sur ma capacité à faire ce que je fais, sur l’impression que le podcast et maintenant les formations fonctionnent sur un malentendu. Alors je m’efforce d’appliquer ce que j’ai dit à Marie-Laure et ce que nous faisons faire à nos clients qui viennent à la formation Confiance en moi avec exactement les mêmes doutes : je me raccroche au tangible. Aux feedbacks, à l’évolution de l’audience, aux clients qui viennent, qui reviennent, qui recommandent. Si c’est là, c’est qu’il y a bien quelque chose que je dois faire correctement. Je peux l’ignorer effrontément, ce qui revient en quelque sorte à me complaire dans le sentiment d’illégitimité, ou je peux l’accepter, et gagner en confiance en moi.
 
Les bons jours, je choisis la 2e option. Les mauvais jours, je choisis la première, et je me fais engueuler par mon coach donc je bascule sur la 2e option. 
 
Je vous souhaite de trouver votre manière à vous de batailler contre le sentiment d’imposture, d'illégitimité et d'usurpation.

*en 2013, il était possible de s’inscrire au Barreau en Espagne quand on avait une Licenciatura (M1), ce qui est mon cas car j’ai fait une double maîtrise en droits français et espagnol à Paris 1-Complutense

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