Miser sur ses forces

Fin octobre 2018, j'ai découvert le travail de Marcus Buckingham sur les forces et la singularité via son interview dans le podcast The Awesome Office Show que j'écoutais régulièrement à l'époque. Je me souviens très très bien de ce moment. C'était pendant mon voyage aux États-Unis,  le jour de mon retour en France (et donc la veille de la diffusion de la première interview - celle de Me Valérie Colin), sur le trajet entre la maison de mon hôte à Boston et l'aéroport. Je me revois en train de traverser le campus de Harvard pour accéder à la bouche de métro la plus proche pendant que j'écoutais Marcus parler du modèle de réussite et de la pertinence de miser sur ses forces plutôt que de chercher à corriger ses défauts.

Boum ! Révélation !*

Ce qu'il faut retenir, en bref, c'est d'une part que chaque personne est unique et singulière car, d'un point de vue purement scientifique, personne n'a la même configuration neurologique que soi**, et d'autre part que la magie opère quand, dans votre travail, vous exploitez vos forces, vos super pouvoirs, ce que vous faites particulièrement bien et qui vous donne du plaisir.

Il me semble que c'est difficile d'identifier puis d'assumer entièrement son mode de fonctionnement à soi. L'herbe paraît toujours plus verte ailleurs. On s'imagine que les super pouvoirs des autres sont meilleurs, ont plus de valeur, etc. 

Typiquement, j'ai les cheveux (désespérément) raides, et j'ai toujours rêvé d'avoir les cheveux bouclés (ou au moins ondulés genre beach waves). J'ai fait une permanente une fois et les boucles splendides que j'ai obtenues sont mortes au premier shampoing. En hypokhâgne je me bouclais les cheveux au fer tous les matins. Cette connerie devait me prendre 45 minutes et les ondulations duraient la matinée avant de se discipliner. Puis j'ai laissé pousser mes cheveux et je dormais avec les cheveux mouillés attachés en chignon pour qu'au réveil ils soient froissés/ondulés. Pareil, effets limités et de courte durée. La lutte est vaine.

Aujourd'hui, je surfe sur la raideur : mes cheveux n'ont pas besoin de soins particuliers à tel point que je n'ai pas besoin de les brosser ni rien (je les lave quand même de temps en temps je vous rassure). Ça va même plus loin ! Je vire au blanc, j'ai notamment une grande mèche blanche, et plus ça va moins j'ai envie de faire de couleur car je crois bien que c'est aussi un truc qui contribue à ce qu'on se souvienne de moi. Ça ne m'empêche pas d'être jalouse quand je vois une fille aux cheveux frisés magnifiques, je ne suis pas arrivée à ce niveau là de stoïcisme et d'acceptation de l'Univers. Mais j'en tire mon parti, j'en fais une force. 

Et bien croyez-moi ou pas, il en est des super pouvoirs comme des cheveux (je vous promets que je n'avais pas anticipé cette effraction de mes cheveux dans cette Lettre).

En ce qui me concerne, j'aime beaucoup imaginer, conceptualiser, me projeter : je vis dans le futur, et si je vous disais ce qu'est Fleur d'avocat dans ma tête vous me prendrez pour une folle. J'aime structurer des informations provenant de sources différentes pour que ce soit clair et logique***. Je suis aussi douée pour mettre les gens en relation. Et ma bienveillance fait de moi une personne pleine de petites attentions pour les autres, ce qui est plutôt un atout dans la relation avec mon audience et mes clients. 

C'est pour ça que, alors que je questionne et repense mon offre de formation pour aller vers du digital, je m'oriente plutôt à l'avenir vers un rôle de cheffe d'orchestre vus mes super pouvoirs et mon mode de fonctionnement, ma valeur ajoutée est à mon sens plus dans le fait d'identifier les besoins, d'imaginer et de créer des solutions, d'être le point de contact entre vous et les experts et entre les experts entre eux, et de chouchouter tout ce petit monde.

C'est un perpétuel réajustement car c'est en faisant qu'on découvre ce qui fonctionne, ce qu'on préfère, ce dont on a envie. Tout ceci ne facilite pas la tâche d'ailleurs car il faut accepter de changer de façon de faire. 

L'avenir dira si je fais les bons choix, mais j'ai plutôt l'impression que cette dynamique de créer une activité basée sur mes super pouvoirs est vertueuse jusqu'à présent.

Je pense que c'est aussi, en trame de fond, un des grands enseignements du podcast : ces avocats épanouis le sont parce que leur activité est alignée, cohérente avec qui ils sont. D'ailleurs Madame la Bâtonnière Françoise Artur dont j'ai diffusé l'interview en parle justement (je vous ai encore préparé un extrait que vous trouverez ici) :"une fois qu'on a le sentiment d'avoir trouvé son truc : ne pas le lâcher parce que c'est ça qui fait qu'on est bien dans ce qu'on fait et qu'en plus on a une reconnaissance."Avant de clore, j'aimerais préciser que toute cette histoire de miser sur ses forces ne veut pas dire qu'on se repose sur ses acquis. C'est peut-être la limite de la métaphore avec mon absence d'effort capillaire : l'idée est de renforcer ses super pouvoirs, ce qui implique de devenir meilleur, et donc de progresser, et donc de faire des efforts. La singularité se conjugue à l'exigence. 

Et vous ? Avez-vous identifié vos super pouvoirs ? Les aimez-vous ? Les mettez-vous au service de votre exercice ?

*du même genre que celle que j'ai eu à Sciences Po pendant le cours de sociologie des organisations de Henri Bergeron, mais c'est une autre histoire
**si ce sujet vous intéresse je vous recommande les travaux d'Antonio Damasio, notamment Le sentiment même de soi 
***un de mes derniers kiffes comme avocate a été de restructurer des conclusions car je trouvais l'argumentaire fouillis, j'ai aussi fait ça pour lé mémoire de groupe à Sciences Po. J'adore.

"Merci pour cette newsletter toujours aussi passionnante, stimulante et qui donne envie d’avancer avec toi”
arrow-circle-o-downtwitterlinkedininstagramcrossmenu